Extrait de la conférence principale au 36ième Congrès international d’IBBY, Athènes (Grèce) Le 31 août 2018
Le 20 novembre 1959, la Déclaration des droits de l’enfant a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies. Elle déclare que chaque enfant sur la planète a le droit de vivre, de jouer, d’être avec ses parents et de recevoir une éducation. Près de 60 années plus tard, des millions d’enfants ont été tués pendant des guerres, des millions sont devenus orphelins et blessés, des millions d’enfants ont faim, des millions sont mariés alors qu’ils sont encore des enfants et le jeu est un concept inconnu pour nombre d’entre eux.
À titre d’écrivaine pour la jeunesse, je regarde le monde et je me demande : ‘’ Quel est le rôle de la littérature pour la jeunesse dans tout ceci?’’ Je crois que je commence à savoir. Nous créons le monde que nous avons à travers nos décisions. Nos décisions sont formées par des histoires- les histoires que nous nous racontons et les histoires auxquelles nous choisissons de croire que d’autres nous racontent sur nous- mêmes, sur nos limites et sur ce que nous devrions craindre.
Les meilleurs livres de littérature jeunesse cherchent à inspirer les jeunes lecteurs à créer leur propre histoire à savoir qui ils sont et comment ils souhaitent que leur monde soit.
La recherche indique que les attitudes des enfants peuvent être modulées et enrichies grâce à l’accès aux livres. Ils peuvent ressentir de l’empathie pour les animaux et envers les souffrances d’autres personnes. Ils peuvent apprendre à voir que les gens qui semblent ‘’différents’’ sont les mêmes qu’eux avec autant de capacité à ressentir de l’amour, de la joie et de la douleur que l’enfant lui- même.
Les livres que nous lisions lorsque nous étions enfants restent certainement dans notre tête, même lorsque nous devenons des adultes. Comme enfant, nous lisions nos livres favoris encore et encore, jusqu’à ce que les mots et les images qu’ils avaient créés deviennent aussi familiers que notre propre respiration. Mon espoir pour mes propres livres est que les enfants qui les lisent en étant jeunes puissant garder, je le souhaite, la compassion qu’ils ont appris de mes livres et qu’une fois adulte, avec les décisions à prendre comme adulte- soit d’être généreux et bon, ou de se mettre en colère, soit d’aider les autres, ou de laisser leur gouvernement larguer des bombes.
Le meilleur de la littérature jeunesse peut aider à créer un Jour avant– un Jour avant que l’ordre ne soit donné de jeter des produits chimiques dans une rivière. Un Jour avant que l’ordre ne soit donné de massacrer un village. Un Jour avant que l’ordre ne soit donné de manufacturer une nouvelle cargaison d’armes à feu qui serviront à fusiller des gens dans une école, dans une église, dans un bar gai, dans un festival de musique western. Un Jour avant que l’ordre ne soit donné de faire déménager un abuseur d’enfants vers un autre pays et vers d’autres victimes. Un Jour avant que l’ordre ne soit donné de jeter une bombe sur un autobus rempli d’écoliers de huit ans revenant chez eux après une sortie, si nécessaire. Nous devons avoir un Jour avant!
Le meilleur de la littérature jeunesse peut nous rappeler qui nous sommes lorsque nous devons être au meilleur de nous- mêmes. Il faut se souvenir que nous n’avons pas besoin d’avoir peur des différences et que nous avons le pouvoir de créer de la beauté à travers la souffrance.
Je crois que nous sommes responsables de l’information qui nous habite. Si nous sommes élevés sur rien d’autre que de la philosophie nazie alors nous avons une excuse d’être des Nazis. Mais du moment qu’une autre information nous rejoint, c’est à nous de faire un choix. Nous choisissons l’histoire à suivre.
La bonne littérature pour la jeunesse peut offrir des éléments d’information supplémentaire, ce qui peut permettre d’avoir une autre vision du monde. Cela pourrait être une branche solide et accueillante qui dit à l’enfant : ‘’ Tu as le pouvoir de choisir avec bravoure.’’
La bonne littérature pour la jeunesse n’est pas la seule solution vers un avenir durable et agréable pour tous mais c’est certainement une des clés. Plus grand sera le nombre de bons livres que nous pourrons donner aux enfants, écrits par des écrivains de tous les coins du monde, plus grande sera notre chance d’arriver à ce grand Jour avant.
– Adapté du discours principal donné par Deborah Ellis au 26ième Congrès IBBY à Athènes, Grèce. Le texte complet sera publié dans Bookbird www.ibby.org
Créer un Jour avant, par Deborah Ellis
Extrait de la conférence principale au 36ième Congrès international d’IBBY, Athènes (Grèce)
Le 31 août 2018
Le 20 novembre 1959, la Déclaration des droits de l’enfant a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies. Elle déclare que chaque enfant sur la planète a le droit de vivre, de jouer, d’être avec ses parents et de recevoir une éducation. Près de 60 années plus tard, des millions d’enfants ont été tués pendant des guerres, des millions sont devenus orphelins et blessés, des millions d’enfants ont faim, des millions sont mariés alors qu’ils sont encore des enfants et le jeu est un concept inconnu pour nombre d’entre eux.
À titre d’écrivaine pour la jeunesse, je regarde le monde et je me demande : ‘’ Quel est le rôle de la littérature pour la jeunesse dans tout ceci?’’ Je crois que je commence à savoir. Nous créons le monde que nous avons à travers nos décisions. Nos décisions sont formées par des histoires- les histoires que nous nous racontons et les histoires auxquelles nous choisissons de croire que d’autres nous racontent sur nous- mêmes, sur nos limites et sur ce que nous devrions craindre.
Les meilleurs livres de littérature jeunesse cherchent à inspirer les jeunes lecteurs à créer leur propre histoire à savoir qui ils sont et comment ils souhaitent que leur monde soit.
La recherche indique que les attitudes des enfants peuvent être modulées et enrichies grâce à l’accès aux livres. Ils peuvent ressentir de l’empathie pour les animaux et envers les souffrances d’autres personnes. Ils peuvent apprendre à voir que les gens qui semblent ‘’différents’’ sont les mêmes qu’eux avec autant de capacité à ressentir de l’amour, de la joie et de la douleur que l’enfant lui- même.
Les livres que nous lisions lorsque nous étions enfants restent certainement dans notre tête, même lorsque nous devenons des adultes. Comme enfant, nous lisions nos livres favoris encore et encore, jusqu’à ce que les mots et les images qu’ils avaient créés deviennent aussi familiers que notre propre respiration. Mon espoir pour mes propres livres est que les enfants qui les lisent en étant jeunes puissant garder, je le souhaite, la compassion qu’ils ont appris de mes livres et qu’une fois adulte, avec les décisions à prendre comme adulte- soit d’être généreux et bon, ou de se mettre en colère, soit d’aider les autres, ou de laisser leur gouvernement larguer des bombes.
Le meilleur de la littérature jeunesse peut aider à créer un Jour avant– un Jour avant que l’ordre ne soit donné de jeter des produits chimiques dans une rivière. Un Jour avant que l’ordre ne soit donné de massacrer un village. Un Jour avant que l’ordre ne soit donné de manufacturer une nouvelle cargaison d’armes à feu qui serviront à fusiller des gens dans une école, dans une église, dans un bar gai, dans un festival de musique western. Un Jour avant que l’ordre ne soit donné de faire déménager un abuseur d’enfants vers un autre pays et vers d’autres victimes. Un Jour avant que l’ordre ne soit donné de jeter une bombe sur un autobus rempli d’écoliers de huit ans revenant chez eux après une sortie, si nécessaire. Nous devons avoir un Jour avant!
Le meilleur de la littérature jeunesse peut nous rappeler qui nous sommes lorsque nous devons être au meilleur de nous- mêmes. Il faut se souvenir que nous n’avons pas besoin d’avoir peur des différences et que nous avons le pouvoir de créer de la beauté à travers la souffrance.
Je crois que nous sommes responsables de l’information qui nous habite. Si nous sommes élevés sur rien d’autre que de la philosophie nazie alors nous avons une excuse d’être des Nazis. Mais du moment qu’une autre information nous rejoint, c’est à nous de faire un choix. Nous choisissons l’histoire à suivre.
La bonne littérature pour la jeunesse peut offrir des éléments d’information supplémentaire, ce qui peut permettre d’avoir une autre vision du monde. Cela pourrait être une branche solide et accueillante qui dit à l’enfant : ‘’ Tu as le pouvoir de choisir avec bravoure.’’
La bonne littérature pour la jeunesse n’est pas la seule solution vers un avenir durable et agréable pour tous mais c’est certainement une des clés. Plus grand sera le nombre de bons livres que nous pourrons donner aux enfants, écrits par des écrivains de tous les coins du monde, plus grande sera notre chance d’arriver à ce grand Jour avant.
– Adapté du discours principal donné par Deborah Ellis au 26ième Congrès IBBY à Athènes, Grèce. Le texte complet sera publié dans Bookbird www.ibby.org
Traduction : Josiane Polidori
Voir le prochain article –>
Retournez à la infolettre du printemps 2019